Laïcité

Centenaire de l’Humanité Future : intervention de Bernard Teper

A partir du propos d’Henri Pena-Ruiz, que je partage globalement, parce que nous menons cette bataille laïque différemment, lui en tant que l’un des plus brillants intellectuels français, moi en tant qu’acteur militant avec d’autres militants, je vais essayer de vous proposer une conférence qui pourrait être un prolongement, une extension pour conclure par une invitation à la mobilisation.

Prolongement, parce que bien que puisant dans un travail intellectuel intense, ce n’est pas ma principale activité : disons que les intellectuels et les acteurs militants agissent de façons complémentaires et j’essaierai de faire une conférence en ce sens.

Proposition d’extension parce que je considère, la définition de la laïcité dans le domaine idéologique et religieux, telle que nous la connaissons, comme une simple étape liée à une contingence historique, celle de la lutte nécessaire, notamment en France, contre le cléricalisme, l’intégrisme et le communautarisme catholique. La laïcité est un principe de séparation de la sphère publique et de la sphère privée tant dans les domaines idéologiques et religieux, que dans les domaines institutionnels et  économiques. Avec une voix quelque peu hétérodoxe, je dis donc dans mes conférences qu’au nom de la laïcité, je suis contre les signes religieux à l’école publique, mais également contre les consultations et les lits privés dans les hôpitaux publics, ceci dans le cadre de la séparation des sphères publique et privée. Dans cette acception, la laïcité combat en fait tous les dogmes : les dogmes ethniques, les dogmes religieux, mais également le dogme financier. De ce point de vue, la laïcité est la pierre angulaire des services publics mais également celui d’un modèle d’avenir, le modèle laïque de la République sociale, initié par Jean Jaurès. Modèle mis entre parenthèses pendant 70 années de lutte entre le communisme et la sociale démocratie, en train de montrer leurs limites respectives. Le modèle laïque de la République sociale séparant la sphère publique et la sphère privée dans les trois domaines idéologiques, religieux, et institutionnels et économiques, lui, va reprendre force et vigueur dans les années et dans les décennies qui viennent.

Développement, parce que je conclurai que tous ceux qui sont attachés à l’émancipation humaine, se doivent de se mobiliser au niveau de la laïcité.

Mais pourquoi parler aujourd’hui plus de laïcité qu’hier. Est-ce qu’on aime la laïcité comme on aime le chocolat ? Et bien non ! Parce qu’aimer le chocolat est anhistorique, vouloir la laïcité c’est s’inclure dans une diachronie historique.
Pourquoi la laïcité aujourd’hui ? Il est évident que nous ne pouvons pas comprendre pourquoi nous vivons un renouveau du combat laïque sans comprendre dans quelle phase du capitalisme : capitalisme manufacturier, industriel, monopoliste, impérialiste, ou globalisation financière néo-libérale, nous vivons. Le capitalisme change, il est dans une nouvelle phase depuis l’implosion du communisme soviétique fin des années 80. Cette phase, je la nomme turbo-capitalisme. Mais au-delà du mot, le renouveau du combat laïc provient du fait que  cette phase du capitalisme a vu naître une nouvelle alliance bien plus forte que celle des phases précédentes : L’alliance du néo-libéralisme avec le communautarisme et l’intégrisme. Dans certaines phases historiques, le capitalisme lui-même a plutôt fait évoluer la laïcité, lorsque les dogmes religieux empêchaient le développement des forces productives. Mais aujourd’hui, contrairement à ce qui se passait dans la période des 30 glorieuses,  cette nouvelle alliance du néo-libéralisme de la globalisation financière avec l’ensemble des forces intégristes, éthiques et communautaristes , caractérise la période.

Si nous estimons que le système actuel n’est pas suffisamment émancipateur, et qu’il y a une alliance entre néo-libéralisme et communautarisme, l’anti-dote ne peut alors être autre que la liaison du combat laïc et du combat social. Et c’est la raison pour laquelle il faut peut être effectivement aujourd’hui relire Jean Jaurès, qui avait en fait théoriser un modèle,  qu’il faut adapter à l’évolution du monde. Mais cette dernière est aujourd’hui incompréhensible si nous mettons d’un coté, l’alliance entre le néo-libéralisme d’une part, et le communautarisme et l’intégrisme d’autre part, et de l’autre côté ceux qui luttent pour la liaison du combat laïc et du combat social. Vu comme cela, il n’y a aucune spécificité franco-française.

On a vu par exemple, les Etats-Unis, en 1979, armer, financer les Talibans et l’intégrisme islamique contre les soviétiques en Afghanistan. Tout le monde sait aujourd’hui, c’est une vérité historique, qu’Oussama Ben Laden était d’abord un agent américain avant d’être la tête  d’Al-Qaida se retournant contre les USA. D’une façon générale, pour obtenir des subventions des grands états nations, il vaut mieux être une association communautariste et religieuse que d’être une association laïque. Il serait d’ailleurs très intéressant, il y a une étude en cours, en espérant qu’elle aille à terme, de voir comment sont déterminées les subventions aux associations par les différentes collectivités territoriales.

Le Vatican  est aujourd’hui dirigé par les intégristes de l’Opus Dei. On a vu à quelle vitesse le cardinal Ratzinger a été élu pape, forcément les membres de l’Opus Dei étant majoritaires dans le grand collège, les choses ont donc été très vites. Le discours de Ratisbonne de Benoît XVI, est construit sur la même trame que les discours de Georges Bush lorsqu’il veut contrôler l’ensemble du monde.

Nous pouvons regarder ce qui se passe en Europe, puisque nous devons parler de laïcité et d’Europe. Il y a eu, il y a toujours le débat sur le Traité Constitutionnel Européen, refusé par les Pays Bas et la France. Regardons l’Article 1-8, l’Article 1-52 alinéa 3, l’Article 2-70. Ces articles anti-laïques dans la proposition de mini-traité de l’actuel Président de la République, sont toujours présents. L’Article 1-5 alinéa 3 institutionnalise les églises au sein de la sphère publique. L’Article 1 alinéa 8 propose des droits pour les minorités, qui peuvent être différents des droits de la majorité, ce qui va donc bien sur à l’encontre de l’égalité en droits de tous les citoyens. Quant à l’Article 2-70 sur la liberté religieuse quel que soit l’endroit, il y a débats au niveau de la cour européenne des droits de l’homme.  Il ne faut donc pas se limiter à lire la charte des droits fondamentaux. Non, il faut lire la Constitution du TCE, et ses articles 1-8, 1-52 alinéa 3, 2-70, qui consacrent l’interdiction de la séparation de la sphère publique et de la sphère privée.

La poussée islamiste, je dis bien islamiste et non pas islamique, donc de l’intégrisme musulman en France, en Europe et dans le monde débute avec la phase turbo-capitaliste, c’est-à-dire depuis 1989 : l’implosion du communisme soviétique. Rappelons que la première affaire, l’affaire dite de Creil démarre  cette année là.

Le communautarisme et l’intégrisme se développent dans toutes les grandes religions, dans le national indouisme, dans le catholicisme, le protestantisme, etc.…jusqu’à la cinquième colonne qui existe dans la gauche et l’extrême gauche. Henri Pena-Ruiz parlait tout à l’heure de Mouloud Aounit. Ces acteurs de la gauche et de l’extrême gauche faisant le lit du communautarisme et de l’intégrisme sont hélas nombreux. Et récemment, sans que cela gène personne, pour la première fois de l’histoire de la République, un cabinet ministériel de ce gouvernement là, est totalement contrôlé par l’Opus Dei : le cabinet de Christine Boutin.

Non, décidément la laïcité n’est pas franco-française. Elle est née en France tout simplement parce que la France est le plus grand pays de l’immigration d’Europe, et de ce fait le problème du « vivre ensemble » se pose plus en France qu’en Allemagne par exemple. Pourquoi ? 1/3 des français ont une ascendance étrangère sur deux générations, alors qu’en Allemagne il n’y a que 0.5 % de la population dans le même cas. Louis XIV a probablement été favorable à l’immigration pour nourrir son armée, mais cette immigration a créé des problèmes de vivre ensemble. C’est pourquoi la laïcité est sans aucun doute née en France, mais l’immigration étant à cette heure quasi générale dans l’ensemble des pays,  il n’y a donc aucune raison à ce que la laïcité reste circonscrite à la France. L’actualité montre par ailleurs qu’aujourd’hui le combat laïc est mené par des intellectuels et des organisations pratiquement dans l’ensemble des pays du monde.

Les dirigeants du monde financent aujourd’hui tout ce qui permet la segmentation de l’humanité. Si vous prônez la segmentation, vous serez mieux  subventionnés que ceux qui défendent l’universalité : c’est la règle ! Et si vous prônez la démocratie et la citoyenneté dans sa véritable acception philosophique, et bien vous serez moins aidés. Aujourd’hui, pour être subventionné, il faut parler ethnies, religions, finances internationales,  nous avons donc effectivement un combat, qui certes touche le problème des signes religieux, celui de l’école, mais en fait et plus largement, l’ensemble de la société.

Même si l’école est la pierre angulaire de la République, la laïcité n’est pas simplement un principe pour l’école. Il faut être vigilant : les attaques peuvent provenir de partout. Pour le problème des signes religieux, faisons un rapide historique : Les signes religieux ont été interdits en France par le Front Populaire. Les circulaires de Jean Zay, de janvier 1937,  ont été abolies par le gouvernement Rocard/Jospin, Article 10 de la loi du 10 juillet 1989, qui donne tous les arguments au conseil d’état pour faire son arrêt du 27 novembre 1989 en déclarant : « selon cet article, la liberté religieuse existe dans l’école comme elle existe dans la société, il n’y a donc pas de sanctuarisation de l’école ». C’est-à-dire que nous n’avions soudainement plus à faire à des élèves mais seulement à des enfants. Il fallait bien sur à cette occasion faire acte de résistance. La 1ère organisation qui s’est effectivement levée contre cet Article 10 de la Loi du 10 juillet 1989, est le Grand Orient de France. Le Conseil de l’Ordre du Grand Orient de France a été la 1ère instance à vouloir s’y opposer, alors que tous les dirigeants politiques, syndicaux et associatifs, étaient neutres dans cette affaire. L’extrême droite, la droite, la gauche, l’extrême gauche étaient étrangères à cette bataille, et le banquet républicain du 21 octobre 1989 en est l’acte de naissance : 1500 personnes avec un nombre important de passages presse.

De 1989 jusqu’à la loi du 15 mars 2004, pendant 15 ans, il y eut donc une longue bataille dans laquelle quelques personnalités politiques et beaucoup d’intellectuels, dont Henri Pena-Ruiz  ont été d’un indéfectible soutien. Henri Pena-Ruiz, a été pendant cette période le grand vulgarisateur de la pensée laïque. Nous étions tellement plongés dans un océan de relativisme culturel, qu’il fallait une grande pédagogie pour faire comprendre, ce qu’était la laïcité. Mais il y en eut d’autres bien sur : Elisabeth Badinter, Catherine Kintzler, Pierre-André Taguieff, etc … et puis petit à petit, un certain nombre d’organisations les ont rejoints. Suite au 21 octobre 1989 et au banquet du Grand Orient de France, il y eut  sous l’impulsion de Catherine Kintzler et d’Elisabeth Badinter, l’histoire de la pétition de la bande des cinq, première page du Nouvel Observateur en novembre 1989 : Rappelez-vous, Catherine Kintzler, Elisabeth Badinter, Alain Finkielkraut, Elisabeth de Fontenay et Régis Debray.

De 2002 à 2003 un certain nombre d’organisations s’agitèrent. Il y a eut la tribune libre, toujours de Catherine Kintzler , de Pierre André Tagieff et de moi-même dans Libération, qui a donné lieu à des milliers de courriers électroniques. Nous avons enfin abouti à l’engagement de la mission parlementaire dans un 1er temps,  puis ensuite à la commission Stasi. La mission parlementaire présidée par Jean-Louis Debray était favorable, à une proposition « un peu à l’encontre » de l’arrêt du conseil d’état. En revanche dans la commission Stasi, deux personnes ont œuvré pour la défense de la laïcité, surmontant les difficultés parce que nous le savons, la commission était créée par le pouvoir, et les laïcs n’y étaient pas majoritaires : Henri Pena-Ruiz, et Mme Gaye Petek, directrice d’ ELELE (probablement la plus grande organisation de femmes d’origine turque en France), y ont joué un rôle extrêmement important, y compris dans l’écriture, pour arriver à ce compromis : « de l’interdiction des signes ostensibles », mais qui est une grande avancée et que nous devons probablement, sans en connaître la parfaite mesure, à ces deux personnes.

Ceci pour vous montrer qu’une bataille peut prendre du temps. Celle-ci a duré 15 ans, entre le banquet républicain du Grand Orient de France du 21 octobre 1989 regroupant 1500 personnes jusqu’à la loi du 15 mars 2004, il se passe 14 ans ½ . Ceci pour démontrer, si cela était encore nécessaire que nous pouvons gagner, à condition d’être opiniâtres.

Alors, que se passe t-il en Europe ? S’il y a eu des reculs de la laïcité en France, il y en a eu aussi en Pologne, dans une moindre mesure en Espagne, sous M. José-Maria Aznar. Mais le mouvement général est plutôt en Europe et dans le monde, dans le sens d’une avancée. L’avancée du droit à la contraception et du droit à l’IVG, est une avancée laïque. C’est une bataille de tous les jours. Les laïques portugais viennent de la gagner récemment. Les batailles sur le divorce, sur le mariage civil, avaient été gagnées dans d’autres pays précédemment, parce qu’il n’y a pas que les signes religieux à l’école. En reprenant la définition de la laïcité que nous a donnée Henri Pena-Ruiz, alors la difficulté que nous avons en Europe, ne provient pas du fait que d’un coté il y aurait la France qui serait la seule à être laïque, et de l’autre l’ensemble des autres états qui ne le seraient pas du tout. La monographie de tous les pays du conseil de l’Europe indique qu’il y a des éléments de laïcité dans l’ensemble de ces pays-là, mais il reste beaucoup à faire pour que ces états soient complètement laïcs. C’est aussi le cas de la France.

En Europe, les écoles privées confessionnelles sont outrageusement financées, et chaque année il y a de plus en plus de nouvelles subventions attribuées aux écoles privées catholiques. Nous sommes malgré tout dans une Europe, qui petit à petit se laïcise, à quelques exceptions près  : la Pologne en est la plus flagrante. Mais saviez-vous que la constitution des œillets en 1974 au Portugal était  une avancée laïque ? L’avancée du 1er Janvier 2000, en Suède, qui crée une forme de séparation de l’église luthérienne et de l’état suédois, est une avancée laïque. Au Sénat, lors d’un débat sur la laïcité, l’ambassadeur de Suède en France disait : « Nous commencions à avoir beaucoup d’immigrants venant du sud et du sud-est de la Baltique, et se posait le problème du « vivre ensemble ». Nous étions dans la même disposition que les Danois. Nous avions deux façons de créer le « vivre ensemble », soit le communautarisme anglo-saxon, choix fait par nos amis danois, soit le modèle français pour lequel nous avons opté ». Dans la constitution suédoise, des éléments rappellent la laïcité à la française, même s’ils ne vont pas aussi loin que les laïcs suédois l’auraient souhaité. En tout état de cause il est impossible de dire qu’il y a en Europe un pays super laïc qui est la France, n’oublions pas l’Alsace / Moselle, le financement des écoles privées confessionnelles, la Guyane, Mayotte, etc…Nous sommes donc plutôt en Europe dans une situation où il y a des éléments de laïcité dans tous les pays, sans être toutefois les mêmes juridiquement, c’est là la grande difficulté. L’Europe laïque ne se créera pas d’un coup de baguette magique.

Néanmoins les esquisses et les tentatives existent. En France, une organisation dont deux responsables sont dans cette salle, a promu une charte européenne de la laïcité, reprise par un certain nombre de groupes en Europe. Il a été dit par le Vénérable Maître, présidant cette assemblée, que le mois de février dernier, à la mairie de Montreuil, à l’invitation de Monsieur Jean-Pierre Brard, député maire, a vu naître la création du bureau laïc international : 800 personnes, 30 délégations. Dans ces 30 délégations, la majorité des pays arabes et musulmans étaient représentés, bien sûr, pas par leurs états, mais par des groupes, certains officiels, d’autres clandestins. Présents également, des représentants d’organisations féministes et laïques irakienne, iranienne, pakistanaise, indienne, tous les pays d’Afrique du Nord, une dizaine de pays européens, etc … Depuis un certain temps, un certain nombre d’intellectuels,  Taslima Nasreen, Salman Rushdie etc …,  se sont élevés pour la laïcité. Il existe maintenant, des organisations, sachez le, laïques et féministes en Iran, et en Irak, vivant aujourd’hui dans la clandestinité, centrant leurs actions sur le droit des femmes puisque cette alliance du néo-libéralisme et de l’intégrisme et du communautarisme joue en général contre ce droit. Là est le cœur de la résistance, aujourd’hui la bataille laïque doit être une bataille féministe et laïque par rapport aux attaques qui sont effectuées, aussi bien par le discours de Ratisbonne de Benoît XVI, que par les prêches des imams islamistes ou des fondamentalistes protestants américains.

Et des actions internationales, aujourd’hui, se font jour. Henri Pena-Ruiz a parlé de la bataille contre le fait de l’instauration de tribunaux islamiques qui jugeraient en 1ère instance dans l’état de l’Ontario au Canada. Le même jour, un 8 septembre, 20 manifestations dans 20 capitales différentes devant l’ambassade du Canada, ont été organisées. Des organisations féministes ont été reçues par 20 ambassadeurs. Les intellectuels ajoutés à ces manifestations dans 20 capitales du monde entier, ont eu l’impact souhaité à savoir pression du gouvernement canadien sur le gouvernement de l’Ontario. Nous devons agir positivement en France, en Europe et dans le monde : il y a des interactions, nous devons faire comprendre le caractère universel et international du combat laïc. Pour ce faire nous avons la possibilité, si vous organisez des réunions, qu’elles soient  maçonniques ou non, de faire venir des intervenants du monde entier pour en faire la démonstration.

Quand Taslima Nasreen, la 1ère fois vient en France, et que la question suivante lui est posée : « Mais le mot laïcité n’existe pas dans la langue anglaise, pas plus que dans la langue bengali qui est la vôtre, alors comment pouvez-vous en parler ? ». Elle répond alors : « J’ai l’impression que vous, français, vous utilisez assez souvent le mot  fast-food  qui n’est pas particulièrement un mot français, et bien, moi, quand je m’exprime en bengali et en anglais, je prononce « laïcity » à la française, je ne dis pas « secular » parce que c’est différent. La bataille des mots va avec la bataille des idées. Quand la bataille des mots sera gagnée et que le mot laïc sera traduit dans toutes les langues, la laïcité sera, non seulement un principe universel, qu’elle est déjà, mais sera défendue dans le monde entier ». Et d’ajouter : « J’estime que ma patrie, est la laïcité ».

Ce n’est pas sur les 20 heures de TF1 et France 2 que vous aurez cette information, il faut aller la chercher. Mais aujourd’hui, nous pouvons avoir des orateurs du monde entier défendant la laïcité : cette possibilité existe. Nous sommes donc dans un combat laïc au niveau planétaire. Mais, il faut pour cela le vouloir. Alors sur le plan européen, il nous est dit : « Il va y avoir un mini traité non pas le TCE ». Je vous engage à voir dans la proposition du nouveau traité, si il y a toujours l’ancien article 1 alinéa 8, l’article 1-52 alinéa 3 et l’article 2-70 plus les articles qui empêchent la stricte séparation de la sphère publique et de la sphère privée, en matière économique, empêchant toute possibilité de service public, parce que si nous défendons le principe universel, nous devons défendre le service public. Il ne peut pas y avoir de défense universelle uniquement avec des organisations dont l’idée est la maximisation des taux de profit. Même si je sais que je ne serai pas suivi par tout le monde, y compris dans cette assemblée, je fais parti de ceux qui pensent que les biens communs, le 3ème point dont parlait Henri Pena-Ruiz, doivent être dégagés de la logique du marché. L’eau, la santé, l’éducation, etc … font partie de la bataille laïque : il y a aujourd’hui nécessité de lier le combat laïque et la combat social.

Le combat laïque mené seul n’avance pas, le combat social mené seul n’avance pas non plus. Pour aller vers l’émancipation humaine, il faut lier le combat laïque et le combat social, relire Jean Jaurès et l’actualiser au 21ème siècle. Diverses initiatives seront prises dans les semaines, les mois et les années qui viennent. Au-delà de la création du bureau laïc international  né le 10-11 février dernier à Montreuil, d’autres manifestations se tiendront. Une antenne sera ouverte bientôt à Bruxelles, rien n’est par ailleurs exclusif, d’autres initiatives montées par d’autres organisations auront lieu. Nous avons simplement pu constater que dans la période récente, lorsque nous nous appuyons sur des idées claires, si nous sortons de la confusion, c’est-à-dire de la dictature de l’extrémisme de l’extrême centre consistant à dire que toutes les idées se valent : faisant la moyenne générale de toutes les idées, et entrant ainsi dans la confusion.

Nous sommes dans une période qui a un besoin de sens. Il faut donc engager des principes claires et lorsque vous développez des principes clairs vous avez des soutiens et des opposants : c’est le débat démocratique. Que ce soit en France, que ce soit en Europe, que ce soit dans monde, nous avons de grands risques de régression laïque et sociale, de grands risques de régression démocratique. Mais nous avons aussi de grandes potentialités d’avancées : cette période s’ouvre pour ceux qui savent la regarder comme une période exceptionnelle en potentialités. Probablement, la génération qui suivra la mienne, verra  des bouleversements liés à la question laïque, et à la question sociale. La tâche de tout ceux qui veulent participer à l’émancipation humaine, est bien de faire ce grand travail d’éducation populaire avec cette multitude d’organisation, avec ce travail important, nécessaire, indispensable des intellectuels qui nous éclairent. Les intellectuels n’ont jamais produit une avancée, mais ils ont toujours éclairer la voie permettant les avancées, et donc, l’articulation du travail intellectuel et du travail militant est absolument nécessaire. Et la question des signes religieux à l’école tout à l’heure a bien montré que quand le Grand Orient de France a décidé de faire ce banquet républicain du 21 octobre 1989, il était seul. 15 ans après, la loi du 15 mars 2004. Il faut avoir le courage de prendre le risque d’être seul au début pour gagner une bataille sur des principes universels.

Je vous remercie.

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